Débraillé est ce pays des merveilles, divers et variés, les habitants se parent d'une mode étrange, dans les lieux de ce quartier fourmille l'opium et les discussions déjantés, ; Alice vagabonde pour rejoindre son époux imaginaire, croise des peuples bizarres. Un son entêtant se percute entre les champignons poussant n'importe où, et les corbeaux, les délicieux arbres aux sucreries sont vidés de leur substance par des mains baladeuses.

Rouge, bleu, or, argent, les couleurs pétardes risquent d'aveugler les passants, les promeneurs, les voyageurs, les invités, mais il faut parcourir ce sentier hallucinant pour trouver le coin des habitations, beaucoup refusent, reculent, la vue est un sens des cieux. Alors certains portent des verres opaques et les couleurs deviennent mal, ternes, la beauté de ce chemin respire la cruauté, une épreuve que le Chapelier a décidé de forgé, car Wonderland est connu pour son caractère impitoyable.

Ils y viennent en grand nombre et beaucoup de soirées, de festivals sont organisés, les champignons sont sacrés en ce quartier, et sont plantés chaque jours ; grands, petits, lourds, maigres, fragiles, forts, on en cueille avec l'appréhension et l'adrénaline dans le creux du ventre, car ces aliments sont réputés magiques, des bienfaits ou des méfaits, il faut se méfier de ces coloris rutilants, donnant envie car ce sont souvent les plus hargneux et les vénéneux.

Entourée de bruits, murmures s'élancent dans les esprits de ces jeunes personnes, souvent des filles attirée par les trois mâles attablés autour d'objets désuets, la cabane est fermée mais il en sort parfois la jolie divine portant poupée dans ses bras fragiles. Le chapelier ordonne d'un sourire migrateur, d'un geste fluide il cueille les sourires de ses petits amies. Quelques fois le chat apparait pour un brin de causette et le loir sort de sa tanière.

Elles sont les joyaux d'un jardin sacré, ces roses fausses peintes dans la mélancolie d'une reine solitaire, rejetée, elles sont les compagnes de sa majesté et elles parlent, leur parole incompréhensible est une litanie d'indice, d'étrangeté, de visions prophétiques, il faut savoir les écouter. Les portes enchaînées sont toujours fermées mais certains y pénètrent, désobéissant, et ces leur tête sur un pique que l'on retrouve à l'aurore d'une matinée esthétique.

LE PALAIS DE FRIANDISES — Maëlstrom de couleurs qui attire de loin. Dressée dans une petite clairière, au coeur d'une forêt en barbe à papa, comme sortie tout droit d'un rêve enfantin. La fastueuse bâtisse s'entoure de petits arbres en sucettes et de buissons à la crème. Murs de glace vanille et couloirs confits. Tours en nougat et briques de bonbons. Tout se savoure et se dévore. Facétieuse, elle aime perdre ses invités dans ses dédales sucrés. Lorsque la première bouchée est croquée, il est très difficile de s'arrêter. La bastide repousse au même rythme que les gourmands la détruisent, refermant des centaines de saveurs dans son enceinte. Elle fait luire les babines de salive et attire les enfants les plus méfiants, dans la gueule ouverte de la Sorcière.