ON EST DES ENFANTS TERRIBLES, ENFANTS TERRIBLES (PROST)

- i believe in annoyed at first sight -

le jeune homme flotte paresseusement dans les airs, le nez dans les nuages quand son regard se pose sur une silhouette se détachant dramatiquement de la pâleur livide du sol.
il virevolte, nonchalant, jusqu'à l'aventurier. un gosse, un putain de gamin, sûrement abandonné par ses parents.
trop pauvres, trop occupés, trop froids.
ses pieds se posent sur la poudreuse, sourire cruel aux lèvres.
intéressante nuitée.
- idiot, stupide gamin -
encore une vie gâchée, volée inutilement par inadvertance, pas négligence.
il soupire, un nuage grisâtre s'échappe de ses lèvres, rentre en contact avec la peau bleutée du rejeton.
leurs regards se croisent,
sa main se pose sur sa nuque,
peau dénudée en proie au froid mordant.
ses yeux se ferment,
son coeur se ralentit.
- crétin -
qu'il souffle en regardant la carcasse tomber en arrière,
prêt à dessiner des figures angéliques dans la poudreuse.
sauf que ses membres ne se meuvent pas,
bleu, gelé, inanimé.
frost hausse les épaules et disparait dans un nuage de neige.
satisfait, il a fait son boulot.

☆☆☆

peter, peter, le nain est parti, on arrive plus à le trouver...
peter, vite, il doit avoir des ennuis !
peter, il aime pas se battre, il nous faut le nain sinon comment on fait pour parler de nos bagarres dehors ?
rôle d'un père.
il fait froid. la neige est partout. même couleur que sa poudre, ça lui arrache un sourire. il fait nuit. parfois la nuit dure longtemps, est éternelle. parfois la nuit n'existe pas. un tas. quelques pas au loin, y a un truc sur le sol. couvert de neige. le roux arque un sourcil, quand il arrive, c'est une petite main qui dépasse et qui l'informe. le nain. d'un coup de pied, il fait rouler le corps sur le dos. inspire, expire.

je sais que t'es là, ça pue l’inconscience.
il se retourne. personne. ses yeux roulent, il décolle, survole la terre blanche, bras croisés.
j'ai passé l'âge de jouer à cache-cache. maintenant que tu as buté le gosse, pourquoi tu viens pas t'en prendre au père ?
des yeux sont posés sur lui. il le sent. jusqu'au plus profond de lui, il se sait observé. par qui ? par quoi ? ça ne l'intéresse pas, là, ce qui compte, c'est de faire comprendre qu'en touchant au nain, on touche à sa famille. à son business.

les poils s'hérissent. le cerveau s’agite. c'est bon. il pense savoir, n'est pas totalement sûr. le doute persiste. jack, c'est ça ?

il se perche sur un arbre aux branches dénudées, sourire en coin, regard posé sur le cadavre.
ça lui a jamais fait plaisir, de prendre des vies. de faire souffrir les crétins.
c'est juste. juste ça. juste.
mais il peut pas nier la beauté de la peau craquelée, des effets de la glace sur les corps.
puis le gamin apparait, sa tête de citrouille qui se démarque du givre bleuté.
y a tant de pouvoir, de puissance qui émane de son corps d'éternel adolescent.
ça vole un battement à son coeur,
ça fait circuler un courant électrique dans toute sa brindille de corps.
ça l'excite
tant de puissance, de force brute concentrée en un seul individu.
- je sais que t'es là, ça pue l’inconscience. -
c'toi l'inconscient
pan
le gamin éternel
ils se connaissent, de nom, de réputation.
qu'est ce qu'il peut bien foutre là, l'orphelin ? qu'est ce qu'il en a à foutre du job de frost ?
- j'ai passé l'âge de jouer à cache-cache. maintenant que tu as buté le gosse, pourquoi tu viens pas t'en prendre au père ? -
AH!
il arque un sourcil, amusé.
il a les bras croisés sur son torse, son sceptre coincé contre ses omoplates gelées, hésite à sauté, attiré par ce pouvoir à la force brute.
- jack, c'est ça ? -
jack, prénom humain, faiblard.
moi c'est frost.
il répond plus à jack depuis longtemps.
- frost, crétin -
lance-t-il en se jetant de sa branche, sourire narquois aux lèvres, regard perçant poignardant la boite crânienne de l'enfant.
- qu'est-ce que t'en as à foutre du marmot ? il a fait le con, il en paye les conséquences. -
il garde une main sur son sceptre, parce qu'il sait qu'il se trouve en face d'un danger, d'un vrai.
pan, c'est pas un humain, c'est pas un gars qu'il va pouvoir faire tourner en bourrique comme les autres, pour le plaisir
pan, c'est un challenge.
- tu vaux beaucoup mieux que d'jouer à la nounou, pan -
pan, le divin
pas peter, l'humain, le faible, le père.
pan, l'incontrôlable, celui qui affole son myocarde.