les cygnes sauvages | princes, frères. (11/11)

notre 'il était une fois' débute par delà la mer, sur des terres prospères où le vent du sud se mêle à la terre et aux épices. privilèges sur privilèges, or épées chevaux ; roi reine et princes, au nombre de onze. le douzième qui se prononce sous le sari de sa majesté, que l'on pressent différent. une fille ce sera, selon la volonté des dieux. quelques mois plus tard les cris retentirent, laissant tout le palais avec une boule au ventre collective. et une fille ce fut.

famille nombreuse.
-- brouahaha de joie et d'excitement. de rires et de pleurs. soulagement.
famille heureuse,
pour un instant.

cette fois ce fut différent.
une vie de donnée, une vie de reprise.
puis avec le temps, chacun à son rythme et à sa façon,
les coeurs endeuillés ont accueilli de nouveau: sourires, souvenirs. nous nous sommes épanouis malgré le manque d'amour maternel. et soudain père a réalisé que je ne pouvais grandir sans ça.

il a ainsi trouvé une nouvelle épouse,
et c'est là que pour nous tout a changé.

cette femme n'était que mensonges et amertume, laide du coeur et en esprit, aveuglée par une jalousie qui n'avait pourtant lieu d'être.
elle s'est surtout révélée vile et cruelle, capable de choses terribles.
-- vous changer en cygnes
de votre identité seule une couronne d'or sur chacune de vos têtes pour vous distinguer de la faune véritable ; et retrouver votre apparence d'humain une nuit chaque année.
-- me jeter au peuple, chez les brigands et les plus démunis
me maudire dans mon sommeil avec trois crapauds par surprise transformée en fleurs ; jusqu'à me changer en mendiante et me retrouver chasser par notre père.

dans mon malheur, je me suis réfugiée dans les bois, sans trace aucune de vous mes frères, jusqu'à ce qu'une bonne vieille ne me parle d'un lac que vous auriez l'habitude de fréquenter ; lac où j'ai tout le jour patienté pour votre retour.
ce fut dans vos bras que je me suis retrouvée, si reconnaissante de vous revoir malgré tout ce qui s'abattait sur nos têtes comme une punition du ciel.
partons d'ici raiponce. accompagne-nous dans le nouveau monde. une chance de renouveau.

loin derrière nous
nos larmes
et nos malheurs.
après ceci, nous ne pourrons reculer.

j'ai alors pu voir l'horizon de vos yeux, presque voler à vos côtés même si je ne faisais que m'agripper à ce filet maison fabriqué alors que la lune était bien haute dans l'infini des étoiles.

couds ma petite, m'a dit la vieille dans mon songe. couds ces orties en onze manteaux et ainsi sauver tes frères. mais surtout, surtout. ne parle pas avant de les avoir tous terminés, ou la guérison n'opérera point.
et depuis, plus qu'auparavant, tout en haut de ma tour, il n'y a que sur vous que je ne puisse compter, et vous sur moi.
nous contre le monde. certains auraient répliqué.
envers et contre tout.