PRINCESSES VENANT D'UN MONSTRE (barbie/petou)

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les enfants s'amusent. rigolent. visages joyeux, heureux. chef de la tribu installé sur une branche, regarde. observe. roule des yeux. les enfants sont chiants. il saute, ses pieds claquent contre le sol.
la mâchoire se crispe.
lorsqu'il se retourne, ce n'est pas le visage de darling qu'il croise. ce n'est pas sa mère qu'il voit, mais une autre, un mensonge au visage féminin. wendy. mère qu'il ne pense pas. plutôt objet, plutôt trésor. disparue, envolée, certains osent prononcer le nom de crochet. c'est qui, lui ? tu t'es déjà battu contre lui, alors il est mort. la mort. légende parmi les légendes.

il se retourne, tout le monde ! ce soir, je ramène de nouvelles filles ! je vais en choisir des intelligentes, elles pourront vous lire vos histoires. maman reviendra. vous avez ma parole ! ses bras s'écartent, les enfants hurlent, les demoiselles l'observent, certaines applaudissent, l'une garde un sourire on ne peut plus parleur. certaines veulent prendre sa place. impossible, possible...

peter part, peter disparaît. sans son ombre.
devant lui se dresse le fameux manoir. les portes sont fermées. habitude. il garde le sourire, s'envole jusqu'au seuil. ouvre-moi, je dois parler à barbe bleue. la vieille bâtisse tousse, crache sa fumée verdâtre ; les deux morceaux de bois s'écartent.
bienvenue.
à peine il pose un pied à l'intérieur qu'il commence à pavaner dans la pièce du monstre. barbie ? laisse les gamines respirer et vient accueillir ton meilleur ami. meilleur ami. ami tout court. vraiment pas, non. il est trop vieux, barbichette. il est pas drôle, n'a pas d'humour, est trop poli. trop étrange. surtout. mais tellement doué pour obtenir des étoiles vivantes. crac. le sol commence à parler, l'homme sort de son trou. arrête de te cacher, grand méchant loup.

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Parfois, il s’installe dans son fauteuil de cuir, l’ogre aux mains ensanglantées se remémore les souvenirs d’or. Ces courbes mangées, volées, prises de force, ces cris de détresse, ces larmes majestueuses des vierges usées, des captives affamées de liberté. Des libellules se cognant contre les barreaux d’une cage de cristal.
Dans la vapeur apaisante d’une cigarette tenue du bout de ses doigts baignés de lumière, l’homme respire l’opale opaque d’une drogue de temps en temps accordé, il jouit du silence de la demeure sacrée, cette mystique aux colonnes de marbre. Loin, à l’opposé de son bureau aménagé dans l’épure la plus pure, dorment les belles dans les draps de satin, celles qu’il vendra bientôt, lassé par leur caractère fané. Il y en a qui se détruisent par trop de torture d’amour, il y en a qui résistent. Celles qui, soumises, accordent le paradis au tyran s’envolent dans les bras d’un autre prédateur, choisi avec soin.
Peter. Le prénom résonne. La pensée d’un gamin à la rousseur éreintante. Un visage taillé dans la dureté du fer, en innocence trompe l’œil. Il sourit en se demandant, l’apprécie-t-il ?
Je m’endormais Pan.
Trois mots, le couteau d’une voix rauque. L’autorité fuse des lippes du meurtrier, des flammes égarées dans ses pupilles éveillées, agacées. Le titan, figé sur une marche d’escalier domine de sa carrure impressionnante l’enfant des imaginaires.
Que veux-tu ? Ne t’ai-je pas donné assez de viandes pour ta secte ? Tu les gâches sans en prendre soin.
La colère semble muselée dans une politesse maniérée. Il descend l’escalier s’agrandissant. Barbe Bleue touche les joues de garçon. Oui, certainement. Il pourrait l’élever, hausser la flamme de l’égoïsme, sculpter dans la pierre du caractère sombre de Pan une auréole de ténèbres. Il attend, loup silencieux, solitaire, favorisant les berceuses de ses compagnes timides plutôt que de modeler la fange messianique d’un immortel atavisme. Peter ne sait pas, ne comprend pas. Impertinent enfant quémandant, cherchant dans les affres des vieux seigneurs un modèle sûrement.
J’en ai une que je viens de capturer. Je ne compte pas la garder. Garde à ne pas l’abimer. Je n’apprécierai pas.
La menace coule le long des échos de la vaste salle de bal.