Il y avait sous la terre stérile de ce bout de foret noirâtre un bras putréfié.
Le chaperon rouge l’observa, longuement, fasciné par ce membre coupé soigneusement dépassant du sol gras maudit d’un coin anathème. Elle s’approcha, lentement, effrayée aussi. La mort faisait face à l’innocente poupée, la jeunesse aux traits charmant. Elle toucha, curieuse. Sur sa peau de lait, la texture défigurée, décomposée, cette matière organique, meublée des excréments et autres répugnances de cette faucheuse atavisme.
Elle rentra, s’occupa de sa grand-mère dans une pièce baignée de pénombre. De ce moment, de cette découverte d’un meurtre dévoilé, elle resta muette. Elle l’avait pourtant dessiné ce bras et retourna bientôt vers la pourriture enchantée.
Des champignons avaient poussé, grandit sous l’épiderme figée.
La main s’était évaporée, déchirée d’un coup de hache. Le coupable était-il ce bucheron guettant entre les arbres ou ces loups affamés qu’elle entendait ? Etait-ce une sorcière habillée de carmin ou bien un prince, un roi ? Dans le quartier, les habitants se vêtaient de pureté. Traversant les pièces magiques, les portails des mondes magiques, les ténèbres envahissaient parfois les cœurs. L’on vivait des aventures, l’on geignait, l’on cognait, l’on frappait. Mais on ne mourrait pas.
Quel était-il ce cadavre ? Cette charogne sensible à la poussière ? Pourquoi ?
Ce n’était pas un personnage de ces fabuleuses légendes, ce n’était pas l’un des leurs, ceux que l’on nommait des contes.
Il était en dehors du quartier. Parfois de simples mortels venaient, juste pour voir ce quartier en construction. Eux, ils mourraient.
La nouvelle se répandit. Des chuchotements d’abord. Puis des soupçons. Le peuple n’angoissait pas pour le geste meurtrier, il s’insurgeait des manières de ce crime. Partout poussaient les champignons colorés que l’on n’osait pas cueillir.
De cette quiétude absente, l’univers s’écroulait par les monceaux de charognes distillés dans chaque maisonnée.